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L’avenir de la culture se dessinera en Espagne

La troisième Conférence mondiale sur les politiques culturelles et le développement durable – MONDIACULT – se tiendra du 29 septembre au 1er octobre 2025 à Barcelone. Ernesto Ottone R., le sous-directeur général pour la culture de l’UNESCO, expose les principaux enjeux qui seront au centre des débats.

 

La dernière Conférence mondiale sur les politiques culturelles et le développement durable, organisée au Mexique, a donné lieu à la Déclaration de MONDIACULT 2022. © UNESCO / Yonel Puga

À ce jour, il n’y a eu que deux éditions de MONDIACULT, en 1982 et 2022, organisées au Mexique. Qu’est-ce qui a amené l’UNESCO à en organiser une troisième, seulement trois ans après la précédente ?

Ernesto Ottone R. : La Déclaration de MONDIACULT 2022 a débouché sur six priorités communes à toutes les régions du monde : les droits culturels, les technologies numériques dans le domaine de la culture, la culture et l’éducation, l’économie de la culture, la culture et l’action climatique et, enfin, la culture et le patrimoine en temps de crise. Les États membres de l’UNESCO se sont ainsi aperçus que les préoccupations sont les mêmes partout, mais à différentes mesures. Ensuite, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait organiser de telles réunions de manière cyclique. Un intervalle de quatre ans nous semble suffisant pour évaluer les bonnes pratiques et les échanger, tout en évaluant si les priorités ont évolué ou pas. La troisième chose importante qui est ressortie est le manque de données et d’informations afin de pouvoir prendre des décisions politiques en matière culturelle plus éclairées. Pour MONDIACULT 2025, l’UNESCO a étudié plus de 4600 rapports soumis par les États membres pour construire une vision plus globale. Enfin, le quatrième point de cette Déclaration est la volonté d’inclure la culture en tant qu’objectif spécifique dans le programme de développement des Nations unies au-delà de 2030. Mais les discussions pour celui-ci n’ont pas encore commencé.

 

Pourquoi l’UNESCO a-t-elle choisi l’Espagne pour accueillir MONDIACULT 2025 ?

L’engagement financier des pays hôtes est important et seuls deux se sont portés candidats : l’Espagne et l’Arabie Saoudite. Avec MONDIACULT en Espagne, nous allons pouvoir mettre en avant l’une de nos priorités : les droits culturels. La culture et l’intelligence artificielle, un sujet très prégnant depuis l’année dernière, a également été mis sur la table par l’Espagne lors des consultations régionales. Finalement, les Espagnols proposent, dans le cadre de MONDIACULT, deux aspects qui nous paraissent primordiaux : le travail avec la société civile et avec la jeunesse.

 

Depuis la Déclaration de 2022, avez-vous constaté des reculs dans certains domaines ?

Sur certains sujets, nous n’avançons pas avec la rapidité qu’on voudrait. Quand je dis « nous », j’inclus les États membres et le secrétariat de l’UNESCO. L’un des chapitres les plus complexes est celui qui lie l’économie à la culture. Chaque fois que nous traversons une crise – et en ce moment, il y en a plusieurs en même temps –, le secteur le plus impacté est celui de la culture. En cas de réarmement politique, le budget culturel est souvent réduit et certaines infrastructures, notamment des musées ou des centres communautaires, sont durement touchées.

 

Avez-vous un exemple d’avancée ?

En matière de trafic d’art illicite, nous nous étions fixés comme objectif de convaincre davantage de pays à ratifier le traité correspondant. Ces trois dernières années, plus de 12 l’ont fait, dont quatre en Afrique, le continent qui nous demandait le plus d’agir. Nous sommes ainsi parvenus à trouver des accords internationaux qui permettent aux communautés d’avoir accès aux biens culturels qui ont une valeur identitaire symbolique et qui va bien au-delà de la valeur économique des échanges et des flux commerciaux. Cela nous prouve que le multilatéralisme sert à quelque chose. Il ne remplace pas le bilatéralisme, il le complète.

 

Ernesto Ottone R., sous-directeur général pour la culture de l’UNESCO. © Regula Döbeli

Quels seront, selon vous, les sujets qui susciteront le plus de débats cette année à MONDIACULT ?

Le climat est une question transversale. Même si le patrimoine culturel n’est pas touché par les aléas météorologiques de la même manière selon les pays, les réponses, malheureusement, ne peuvent pas être données seulement au niveau national. Nous nous attendons à un débat là-dessus, car certains États membres sont un peu plus sceptiques sur ces questions. Une autre thématique prend de plus en plus d’ampleur, en particulier au sein des pays européens : le statut de l’artiste. Comment s’assurer que les droits culturels soient respectés pour les artistes, mais aussi pour les citoyens, et que la diversité soit garantie ? Le danger est grand à l’ère numérique. Si nos États membres n’agissent pas, on se dirige vers une uniformisation des contenus culturels dans la sphère digitale.

 

Pourtant, le pouvoir technologique est entre les mains de quelques entreprises. Comment l’UNESCO peut-elle intervenir en ce sens ?

Nous tentons d’amener les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) à la table des négociations, car nous avons des intérêts communs, notamment en matière de diversité linguistique. L’UNESCO a, par exemple, réussi à convaincre Netflix d’autoriser les réalisatrices et réalisateurs africains à tourner dans leur langue natale. La plateforme ne souhaitait utiliser que l’anglais ou le français. Elle a finalement compris qu’elle avait tout intérêt à promouvoir les cultures locales. D’autant que, grâce à l’intelligence artificielle, il est facile d’ajouter des sous-titres dans n’importe quelle langue.

 

Doit-on s’attendre à une nouvelle déclaration après MONDIACULT 2025 ?

Toute la préparation mise en place en marge de la conférence de cet automne nous a montré que les six priorités de 2022 n’ont pas changé. La Déclaration d’il y a trois ans reste ainsi d’actualité. Par conséquent, nous n’allons pas en produire une nouvelle. Nous allons plutôt présenter un document, très concis, sur la situation actuelle et les enjeux importants dont il faut tenir compte à l’avenir.